Quand je vous ai parlé de « D’autres vies que la mienne » d’Emmanuel Carrère, en mai dernier, j’étais bien loin de me douter que ce livre gagnerait le prix des Lecteurs de L’Express et surtout, qu’il deviendrait un best-seller. En effet, après sa parution en mars 2009 avec un tirage initial de 60 000 exemplaires, il a été imprimé à 175 000 exemplaires et s’est déjà écoulé à près de 150 000 exemplaires, selon “L’Express” et Edistat. Ca ne paraissait pourtant pas gagné pour ce récit qui mêle mort d’une fillette lors du tsunami de décembre 2004 et décès d’une femme juge handicapée, spécialiste du surendettement. Un tel succès me pousse à revenir sur ce livre – les autres attendront !
« D’autres vies que la mienne » était le premier roman que je lisais écrit par Emmanuel Carrère. J’ai depuis lu « L’adversaire » et « Un roman russe » (évoqué dans un Blog-It), qui ne m’ont pas beaucoup plu et surtout, qui ne m’ont ni émue, ni marquée autant que « D’autres vies… ». Si l’auteur s’expose et livre de lui-même dans « Un roman russe », paru en 2006, c’est avec impudeur. Rien à voir avec « D’autres vies… » où il se rapproche de lui-même en se mettant au service du récit et de ses personnages avec humilité et générosité.
Pour Marie de Hennezel, psychologue et auteure de « La mort intime », « par la simplicité de son propos, l’auteur a une analyse très fine de la vulnérabilité. (…) Il dit des choses positives que les gens ont envie d’entendre en ce moment, dans ce monde si dur » (“L’Express”, 13 août 2009).
Frédéric Beigbeder, l’auteur d’ “Un roman français », dans lequel il retrace son enfance et ses origines, et qui vient de paraître aux Editions Grasset, ne renie pas la référence à « Un roman russe ». Il pense même qu’ « Emmanuel Carrère est en train de tracer (une des voies nouvelles) qui consiste à se mettre en danger, à essayer de provoquer des émotions universelles avec des choses très personnelles sans que ce soit narcissique » (« Elle » du 28 août 2009).
Pour moi, c’est plutôt avec « D’autres vies… » qu’Emmanuel Carrère a tracé cette voie. Pour la rentrée, si vous voulez un roman plein d’humanité et de sensibilité – et que vous ne l’avez toujours pas lu – ne ratez donc pas « D’autres vies que la mienne ».
Et vous, sinon, que nous conseillez-vous comme lecture pleine d’humanité ?