19 Jun 2010 | 0

Restaurant Têtedoie à l’Antiquaille

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Têtedoie, avant, c’était pour moi un restaurant improbable, coincé entre deux boîtes de nuit sur le quai Pierre Scize, en bord de Saône, à Lyon. J’en avais peu d’écho, je ne m’en faisais aucune idée – bonne ou mauvaise. Je ne savais pas encore que Christian Têtedoie avait obtenu le titre de Meilleur Ouvrier de France en 1996. Et puis Têtedoie a déménagé pas loin de chez moi (dans ce quartier dont je vous ai parlé ), est devenu un voisin et surtout, un des restos offrant l’une des plus belles vues sur Lyon. Sur le site de l’ancien Hôpital de l’Antiquaille (un des plus vieux hôpitaux lyonnais) se dresse donc désormais ce gros bloc rectangulaire contemporain qui ne me déplaît pas. Etoilé (malgré ce que je peux penser des étoiles…. ) ET bien placé, voilà un resto qui demandait à être visité. Rendez-vous a donc été pris pour une belle occasion : l’anniversaire de Gilbert.

Je rêvais d’une belle balade romantique, d’une descente de la colline en robe légère mais, vu la météo pluvieuse, c’est en voiture et en trench que j’ai dû me résoudre à me rendre sur le site encore en travaux de ce grand projet immobilier que représente la transformation du site de l’Antiquaille. Introduits dans le   « bloc », nos oreilles ont tout de suite été choquées par le brouhaha intense qui y règnait, alors même que les tables sont situées loin de l’entrée. Une fois installés, l’ambiance bruyante s’est confirmée, aussi gênante que les vuvuzelas de nos amis sud-africains ! Le bruit ne s’est estompé qu’en fin de soirée, alors que la majorité des clients étaient partis. Un gros point noir pour un resto gastro où l’on attend une atmosphère propice à la conversation.

Allez, pendant que je suis dans les questions d’inconfort, j’ajoute la table, trop basse au goût de mon dos et au pied si imposant que d’aucuns (!) ont bougé toute la soirée sur leur fauteuil tournant afin de l’éviter, et la porte de service, judicieusement placée dans l’axe de la salle, ce qui m’a valu de nombreux courants d’air dans le dos pendant toute la fin du dîner. La vue, elle, ne nous a pas déçus, Lyon s’étirant majestueusement – rien de moins ! – sous nos yeux malgré la couche nuageuse ce jour-là (un petit clic ici pour vous faire une idée).

MONTAGE_Restaurant_T_tedoie

Venons-en à la table, dont j’étais bien curieuse. Pour commencer, la lecture de la carte ne m’a pas spécialement fait rêver… et dieu sait que les intitulés de plats peuvent mettre en haleine autant que le plat lui-même. J’ai passé les menus (Cuisine de Lyon d’aujourd’hui à 56 euros, découverte et gourmandise à 65 euros ou Autour du homard à 78 euros), trop copieux pour moi, et ai dîné à la carte d’une éclosion d’asperges printanière aux copeaux de jambon ibérique et Beaufort (32 euros) et d’un pigeonneau rôti aux girolles et fèves, cuisse au jus, houmous acidulé (38 euros). Mon entrée ne m’a pas mise de bonne humeur : trop salée, encombrée d’une mousse d’asperges qui alourdissait les asperges émincées voisines plus qu’elles ne les révélaient. Mon plat, lui, était parfait, bien équilibré, avec un pigeonneau fondant et un jus très gourmand. Je n’ai cependant toujours pas compris la présence du houmous, même acidulé. Gilbert avait choisi le foie gras aux sucs d’écrevisses, légumes nage en salade (36 euros) et le homard tête de veau confite (38 euros). Il a, comme moi, été plutôt déçu par son entrée, mais a mieux apprécié son plat, irréprochable techniquement.

Les amuse-bouche étaient quant à eux inégaux : gaspacho aqueux, brandade de morue et bruschetta à la tomate délicieux, mais sans surprise ni originalité. Rien qui ne rivalise avec mon resto préféré, à la Croix-Rousse… Je n’ai pas pris de dessert. Serais-je soudain devenue raisonnable ?… Non, bien sûr, mais rassasiée que j’étais par le pigeonneau et rafraîchie par la glace à la poire qu’on m’avait élégamment servie (en m’assurant que c’était un sorbet…) pendant que Gilbert mangeait son fromage, je n’ai pas eu le cœur de faire éclater le compte de calories pour la journée, pas spécialement intriguée non plus par les propositions de la carte. Nous avons enfin eu droit à une petite panacotta, qui m’a fait regretter celle de mon ami Thierry, et à des petits fours auxquels je n’ai guère pu touchés.

Ce dîner m’a rappelé celui chez la Mère Brazier, où j’avais été bien déçue également. Les plats y étaient parfaitement réalisés, mais l’émotion n’y était pas. J’ajoute que là-bas, au moins, l’atmosphère était cosy, ce qui n’est pas le cas du bâtiment sombre, très masculin, et définitivement trop bruyant, quoique élégant, de Têtedoie. Ma déception n’aurait pas été aussi forte, je crois, si le service avait été plus personnel et plus subtil : de la part, majeure, du rapport humain dans l’appréciation d’un repas. Je remercie une fois de plus le sommelier et la sommelière grâce à qui j’ai pu vivre mes plus belles émotions du repas grâce à un vin liquoreux de Mendoza au nez parfumé et un Cornas de Jean-Luc Colombo (Terres Brûlées 2001) infiniment séduisant.

Restaurant Têtedoie
Montée du Chemin Neuf
69005 Lyon
04 78 29 40 10
www.tetedoie.com

NB : Pour lire mes autres “critiques gastronomiques, c’est par .

Et sinon ? Sinon, j’ai bien envie en ce moment des entrées aux légumes de Pascale : flans aux épinards et à la ricotta (pour me changer du brocciu !) et antipasti de courgettes marinées à l’ail et à la menthe; des snickerdoodles anti-allergies de Flo, gourmands, et du coffee cake  de The Pioneer Woman, carrément décadent.

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