19 Nov 2019 | 4

Zéro Déchet à Lyon : interview d’Alexia, de La main dans l’sac, et Sophie, de Pystil, qui proposent du vrac mobile

Alexia Quéguiner, 34 ans, et Sophie Renaud, 29 ans, sont toutes les deux entrepreneures Zéro Déchet (ZD) : elles ont fait le choix de vendre des produits en vrac (comprenez : des produits, pour la plupart secs, à acheter au poids, dans un contenant que vous apportez – bocal ou sac en coton – ou achetez sur place). Là où elles se distinguent de tous les magasins de vrac qui ont fleuri ces dernières années dans la région lyonnaise (et dont vous retrouverez la liste complète en fin de billet), c’est qu’elles ont choisi le vrac mobile : pas de magasin mais un camion pour Alexia et une remorque pour Sophie.

D’où leur est venue cette idée ? Je les ai interviewées un beau matin d’automne sur le marché de Francheville-le-Bas (où Alexia est présente un vendredi sur deux), ma commune de résidence, pour en savoir plus. Retrouvez aussi en fin de billet un guide avec toutes les adresses utiles pour vous aider à passer au Zéro Déchet dans la Métropole lyonnaise.

Alexia de La main dans l’sac devant ses silos de vrac

Pourquoi avez-vous fait le choix du vrac ? 

Alexia : Cela répond à une nécessité personnelle. Je me suis intéressée à tous les gestes qu’on peut faire pour la planète. Quand j’ai commencé à vouloir pratiquer le vrac en 2015, il fallait que je prenne ma voiture pour aller à la Vie Claire à Annemasse et je n’y trouvais pas tous les produits du quotidien. J’ai vu un reportage sur France 5 qui parlait des magasins qui fleurissaient en Allemagne autour du vrac. L’idée a mûri pendant un an. J’avais envie de créer une entreprise. J’étais déjà auto-entrepreneure à Annemasse. J’enseignais alors le français langue étrangère aux primo-arrivants adultes.

Faire de la vente en vrac, en ayant ma propre entreprise, c’est à la fois un choix de vie et un engagement écologique.

Alexia

Sophie : J’ai découvert le vrac en même temps que j’ai adhéré à l’association Zéro Déchet Lyon il y a deux ans. J’avais envie de mener des actions concrètes au quotidien pour défendre l’environnement alors je me suis engagée. Ça fait deux ans que je suis bénévole là-bas, dans le groupe des P’tits culottés, qui est un groupe de sensibilisation aux couches lavables, et dans le groupe MCMD (Mon Commerçant M’emballe Durablement), qui sensibilise les commerces de proximité à accepter les boîtes propres de leur clientèle. 

Comment êtes-vous passées de l’idée au commerce ? 

Alexia : J’avais au départ dans l’idée d’ouvrir une boutique. Je me suis formée en travaillant en CDD à la Vie Claire du Point du Jour, à Lyon, pendant neuf mois. Je pensais pouvoir monter mon projet pendant que je travaillais ! (Rires) En fait, je me suis lancée en février 2017, à la fin de mon CDD. Il se trouve que le réseau Zéro Déchet Lyon montait un réseau d’entrepreneurs pile au moment où moi, je me lançais. J’ai aussi suivi la formation « 5 jours pour entreprendre » avec la CCI. Et j’ai été coachée par Martin, le président de l’association Anciela (cf. informations en fin de billet). J’ai donc commencé au même moment que tous ces magasins ZD qui se sont montés à Lyon : Bulko, A la source, Mamie Marie, Vracn’ Roll. On a tous grandi ensemble, même si certains ont ouvert plus tôt que d’autres. 

Sophie : Je travaillais dans la communication et le marketing à l’époque mais j’avais envie de changer d’orientation professionnelle et de travailler dans le ZD. Je n’avais plus envie d’être salariée non plus. Au début, j’avais peur de monter ma boîte alors j’ai cherché un poste salarié mais dans le ZD, pour devenir intervenante ou responsable développement durable ou des déchets dans une entreprise. Au final, je n’ai rien trouvé. Et puis j’ai fait le constat qu’il y avait peu de boutiques de vrac dans l’Ouest lyonnais. 

Pourquoi un camion et non une boutique de vrac ? 

Alexia : Grâce à l’expérience à la Vie Claire, et en réfléchissant avec mes collègues « vraquistes », je me suis dit que rester enfermée entre quatre murs et avoir la charge d’une boutique, ça ne me disait pas. Il existait déjà la vrac mobile Au Poids Chiches, montée par Lauriane, dans le Pays d’Aix. J’ai aussi rencontré les créateurs de l’Epicerie mobile (NB : retrouvez ici l’interview que j’ai faite d’Alexis et Isabelle, de l’Epicerie mobile) qui m’ont confortée dans l’idée de ne vendre que des produits secs. 

Sophie : Comme Alexia, je ne voulais pas avoir de magasin fixe car c’est beaucoup de charges. On ne sait pas si on va tomber sur le bon emplacement. Et puis, je n’avais pas envie d’attendre que la clientèle vienne à moi : j’avais envie d’avoir une mobilité quotidienne et d’être dehors. J’ai été accompagnée par l’APEC pendant quelques mois, de fin 2018 à mars 2019. J’ai notamment suivi un atelier « je monte mon projet ». A la fin de la journée, je savais que je voulais monter une vrac mobile.

Sophie, qui est à la tête de Pystil

Sophie, quand vas-tu lancer Pystil et comment vas-tu financer cette entreprise ? 

Sophie : Contrairement à Alexia, je ne vais pas avoir un camion mais une remorque magasin, tractée par une voiture. Je l’ai trouvée sur le Bon Coin. Je vais commencer mon activité début décembre. J’espère qu’il ne neigera pas ! Je lance mon entreprise grâce à un financement personnel et j’ai aussi fait un crowdfunding sur KissKissBankBank pour payer mes silots et bacs à pelles. 

Le vrac est facile et à la portée de tout le monde.

Sophie

Alexia, peux-tu nous en dire plus sur ces deux années d’activité avec La main dans l’sac ?

J’ai signé les papiers de création de mon EURL en août 2017 et ai commencé la vente sur les marchés le 1er octobre de la même année. J’adore ce que je fais et suis heureuse de mon choix mais cela représente un sacrifice : je ne me suis pas payée pendant des mois, le versement de mes indemnités de congé maternité a été compliqué (NB : Alexia est l’heureuse maman d’une petite fille née en mai 2019 !), je n’ai pas de week-end, je ne prends pas de vacances. Clairement, je n’aurais pas pu me lancer sans le soutien de mon compagnon. Mais je me paye depuis le mois de mars et mon chiffre d’affaires a considérablement augmenté depuis l’an dernier (+46 %), de même que le nombre de mes clients (+20 %) et le ticket moyen : je suis confiante.

Le vrac, ce n’est pas une mode : c’est une nouvelle manière de fonctionner : les gens vont déserter les supermarchés.

Alexia

Comment avez-vous décidé de votre tournée des marchés ? 

Alexia : J’ai utilisé l’application Géomarchés. Je ne voulais pas faire que des marchés bio car le public est déjà acquis à la cause du vrac. Or j’ai envie de faire du prosélytisme : je veux qu’une personne comme ma sœur, qui fréquente beaucoup les supermarchés et pas les magasins bio, puisse passer sur un marché et se dire qu’elle peut se mettre au vrac. 

Je vais à Pont-Evêque, au nord de Vienne, et suis sur les marchés de Vénissieux, où j’habite, Tassin, Mornant, Francheville-le-Bas, Pont-de-Chéruy, Brignais, Grézieu-la-Varenne, Irigny et au marché bio de Vaise du mardi matin tous les 15 jours (NB : retrouvez le calendrier mensuel des marchés couverts par La main dans l’sac ici). Même après deux ans d’activité, je n’ai pas fini de caler ma tournée !

Je veux montrer aux gens que ce n’est pas hyper cher d’acheter bio.

Alexia

Sophie : Moi, je vais faire les marchés et la sortie des entreprises. Je serai notamment sur le parking de Sopra Steria dans le parc d’affaires Techlid. Je couvrirai les marchés de l’ouest lyonnais : je serai aux marchés de Francheville-le-Haut (mercredi matin), Saint-Genis-les-Ollières (jeudi matin), de Brindas (vendredi matin), Pierre-Bénite (vendredi après-midi) et Solaize (dimanche matin).

Quelle est l’origine des produits que vous vendez ? Bio ou pas bio ? Avez-vous des produits préférés ?

Alexia : Mes produits sont pour la plupart bio, sauf le quinoa, car j’ai donné la préférence à du quinoa français : il est produit en Anjou, en agriculture raisonnée. Je vends aussi leur quinoa crack, des petites billes de céréales 100 % quinoa, à manger au petit déjeuner ou à l’apéro. (NDR : Ou sur le porridge comme dans cette recette !). Je suis heureuse de vendre des farines écrasées à la meule de pierre : elles viennent de la minoterie Cizeron, dans la Loire. Et j’aime bien aussi les produits de mes deux torréfactrices de Provence, Happy Hours. Leurs mélanges sucrés (cajou-sésame-miel, noisette-chocolat-coco, amande-caramel-cacao) ou apéro sont très gourmands. Je vends aussi leurs bonbons vegan.

Sophie : La majorité de mes produits seront bio. L’objectif n’est pas que tout soit bio. Je me fournis auprès d’artisans et de producteurs du département, sinon français et, à défaut, étrangers, pour les fruits secs et les huiles. 

Merci à Alexia & Sophie de m’avoir accordé cet interview ! Longue vie au vrac mobile !

Merci à Alexia et Sophie de m’avoir accordé cet interview.

Longue vie au vrac mobile !

Et vous, où que vous habitiez, êtes-vous passé·e au vrac ?

PETIT GUIDE POUR PASSER AU ZERO DECHET A LYON :

LE VRAC MOBILE :

Alexia Quéquigner : La main dans l’sac

Retrouvez le calendrier des marchés où Alexia pose son camion ici.

Sophie Renaud : Pystil

ZERO DECHET… en vrac !

Zéro Déchet Lyon : l’association lyonnaise (rattachée à Zéro Waste France) propose ateliers, projets et articles en ligne.

Anciela : cette association ” suscite, encourage et accompagne les engagements et les initiatives citoyennes en faveur d’une société écologique et solidaire, à Lyon et ses alentours”.

Agenda d’événements locaux, piste de prises d’initiatives, propositions de formations : allez fouiller leur site – c’est une mine d’infos !

Delibio : traiteur ZD bio et local

Tiff in Lyon : première blogueuse ZD à Lyon. Retrouvez l’interview que j’ai faite d’elle pour le blog et sa Google Map reprenant TOUS les magasins, chaînes comprises, proposant du vrac dans la métropole (lait, miel, bière et vin compris).

Too good to go : l’application mobile qui a pour objectif de réduire le gaspillage alimentaire en proposant les invendus à prix réduits.

Vrac’n Roll : livraison de vrac, en voiture électrique sur Lyon et Villeurbanne et dans toute la France en points relais (contenants consignés).

LES BOUTIQUES ZERO DECHET INDEPENDANTES (celles qui ne font que du vrac sont indiquées par une *) :

A LYON :

A la Source * – 63 rue de la Part-Dieu – 69003 (métro place Guichard)

Bulko *  – 3 quai Jean Moulin – 69001 (métro Hôtel de Ville)

De l’autre côté de la rue – 75 cours de la Liberté – 69003 (métro Guillotière)

Epicentre – 104 route de Vienne – 69008

L’épicerie des Halles – Halles de la Martinière – place Gabriel Rambaud – 69001 (métro Terreaux)

Maison Marie Tounette – 42 rue Sergent Blandan – 69001 (métro Hôtel de Ville) : “droguerie naturelle”

Mamie Marie – 97 rue de Créqui – 69003 (métro Foch)

Trois ptits pois – 127 rue Sébastien Gryphe – 69007 (métro Jean Macé)

DANS LA METROPOLE :

La Super Halle d’Oullins – 105 avenue Jean Jaurès – Oullins

Prairial – 10 rue des droits de l’homme – Vaulx-en-Velin

Tout part en vrac * – 103 avenue Georges Clémenceau – Saint-Genis-Laval


Illustration issue du Festival Lyon 0 Déchet (FLOD)


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4 comments

  1. Testut says:

    Hello,hello !!! Merci pour ce chouette article, comme d’hab très riche en infos !!! Je connais bien la main dans le sac car je me sers un peu chez elle le vendredi à grezieu… sinon je suis aussi passée au vrac, y compris pour la lessive et les produits ménagers… je me sers a la biocoop de Tassin !!! En tous cas merci pour toutes tes adresses à la fin de l’article, je vais les conserver précieusement…

  2. Aurel says:

    Bon j’avais laissé un message mais il semblerait qu’il ai disparu… si ce n’est pas le cas, désolée pour le doublon ! Donc merci pour cet article fort riche en infos, comme d’habitude. Je connais bien la main dans le vrac car j’y vais de temps en temps le vendredi à grezieu… sinon je suis aussi passée au vrac pour l’alimentaire et les produits ménagers, je me sers à la biocoop de Tassin ! Et vraiment top toutes tes adresses en fin d’article, je vais les conserver précieusement…

  3. […] très loin, nous autres Lyonnais : ardéchoise, je l’ai achetée en vrac chez Pystil (cliquez ici pour en savoir plus sur cette épicerie mobile de vrac). Ophélie utilise quant à elle de la […]

  4. […] de farine (J’ai utilisé dernièrement de la farine de froment en vrac de La main dans l’sac et cela a donné au cake une texture légère, proche de celle de la […]

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