Un réalisateur qui « marche sa parole » (ou fait ce qu’il dit)
Il a tout quitté. De trader dans la finance qu’il était, Gilles Vernet, 48 ans, est devenu instituteur en 2003. Un changement de vie motivé par la maladie incurable de sa mère, à laquelle il souhaitait pouvoir se consacrer, et par une prise de conscience consécutive aux attentats de 2001 contre le World Trade Center. Il a reconsidéré ses priorités, gagne aujourd’hui beaucoup moins d’argent… et a retrouvé du temps. Le temps, qui est au centre du documentaire qu’il a réalisé, Tout s’accélère, sorti en avril dernier et qui a pour cœur sa classe de CM2, dans l’école du 19ème arrondissement de Paris où il enseigne à mi-temps.
Un documentaire à plébisciter
J’ai vu Tout s’accélère il y a une quinzaine de jours au Comœdia, un cinéma lyonnais à la programmation à la fois variée et exigeante. Comme cela a été le cas pour Demain (qui comptabilise au final plus d’un million de spectateurs et a remporté le César du Meilleur documentaire en 2016), Tout s’accélère est pour le moment diffusé dans quelques salles seulement (vous trouverez la liste ici) mais il est possible d’organiser une projection si vous souhaitez le voir. Le constat du film, inclus dans son titre, est à la fois évident et essentiel, d’autant plus touchant que ce sont des enfants de 10 ans qui s’expriment aux côtés des experts.
Mais après quoi courons-nous tous ?
Parmi ces experts figurent Etienne Klein (physicien), Nicole Aubert (psychologue et enseignante) et Hartmut Rosa, auteur du livre Accélération, qui a beaucoup inspiré Gilles Vernet. Tous dénoncent cette course folle (en anglais, on parle de rat race !), cette crise de l’excès. On brûle de vitesse, on se consume, on fonce, tellement paniqués qu’il nous est plus facile de penser la fin du monde que de le changer. Aux images qui illustrent cette accélération, entre autoroutes multi-voies et tours bétonnées toujours plus hautes (ne me demandez jamais d’aller à Dubaï !), succèdent celles de la nature, au rythme des saisons. Une frénésie qui nous prend physiquement au corps : on voudrait que tout s’arrête et qu’on puisse descendre, comme dans la chanson.
Gilles Vernet dans sa classe
Lenteur, contemplation… et méditation
Les leçons et la conclusion du film ne vous surprendront pas mais, là encore, lorsqu’elles sortent de la bouche de ces écoliers, elles ont plus de poids : « Jusqu’où voulez-vous aller plus vite et plus loin ? », dit Mammou. A quoi bon ? Nicolas Hulot, dont la Fondation a choisi le film comme coup de cœur 2016, nous invite à faire des pauses et à renouer avec la contemplation. Hartmut Rosa nous enjoint d’avoir une vision. Enfin, Gilles Vernet lui-même prône la philosophie, qu’il pratique tous les lundis avec sa classe et qui permet de donner du sens à nos actions, ainsi que la méditation, source de recentrage et aide à la concentration. Quel monde laisserons-nous à nos enfants ? Et que souhaitons-nous leur transmettre ? Ralentissons donc un peu pour y penser !
Face à ce monde trop rapide, je pratique le yoga et la méditation (avec l’appli Petit Bambou, que je vous recommande autant que le film !). Et vous, comment faites-vous ?
Crédit photos : Tout s’accélère – En partenariat avec le Comœdia