Cela fait des années que je fréquente le Clair de la Plume. Je crois que c’est l’un des premiers endroits où j’ai mis les pieds à Grignan. Comment l’oublier, idéalement situé qu’il est en face de la majestueuse fontaine du Mail, un lavoir à l’origine.
Un hôtel de charme très 19ème
Un hôtel qui porte bien son appellation : tout est beau, tout est de bon goût. La bâtisse principale aux tons ocre et volets bleus – une ancienne demeure de chanoines, dit-on – attire l’œil dès qu’on arrive, après avoir rafraîchi ses mains et son cou sous la rotonde qui abrite la fontaine. J’ai dormi une ou deux fois en ces lieux, dans des chambres à la décoration très classiques donnant toutes sur le jardin, avant d’avoir mon petit paradis à moi.
J’y ai déjeuné de salades fraîches et généreuses pendant des années, y ai pris le thé avec ma mère, toujours ravie par l’atmosphère des lieux. Loin de l’agitation estivale du centre du village (qui n’est qu’à quelques dizaines de mètres pourtant), le touriste peut oublier l’A7 et ses bouchons et se repaître de la nature et de la lumière provençales.
Un jardin paysager enchanteur
Le jardin, enclos de murs et de taille modeste, est mon lieu préféré. C’est par lui qu’on accède à l’accueil du restaurant et à l’hôtel, une fois le portillon franchi. Ses nombreuses treilles garantissent quantité de zones ombragées, ce qui n’est pas un luxe dans le pays. Les tables sont disséminées çà et là, garantissant la confidentialité des conversations. Les rosiers sont abondants, la glycine majestueuse, les herbes aromatiques plantées à profusion.
Lorsque je suis allée déjeuner au Clair de la Plume il y a quelques jours, plus aucune place n’était disponible dans le jardin. J’ai donc pris place sous la verrière, qui m’offrait tout à la fois la vue sur la végétation, sur une partie de la maison et même sur un des remparts du château. J’ai savouré le spectacle ! La verrière, rattachée au bâtiment central, vient compléter la salle-à-manger et s’intègre parfaitement dans l’ensemble architectural. On se croirait dans Un dimanche à la campagne, avec carreaux de ciment au sol et fauteuils en rotin.
L’ajout de la verrière date de 2012, comme celui de la nouvelle cuisine, qui a pour vocation d’améliorer les prestations du restaurant. C’est réussi puisqu’en février dernier, le chef Julien Allano, qui a toujours travaillé dans des maisons étoilés, a reçu sa première étoile au guide Michelin. Le restaurant gastronomique est ouvert tous les soirs ainsi que le dimanche et les jours fériés pour le déjeuner. Du lundi au samedi, le service se fait avec une formule bistrot uniquement.
Arrivée affamée à Grignan, je pensais d’abord me sustenter d’une salade au Jardin, un restaurant de plein air entouré d’une collection de plantes méditerranéennes ouvert en 2009 par Jean-Luc Valadeau, le patron du Clair de la Plume, et qui bénéficie d’une vue imprenable sur le village et le château. C’était oublié que le Jardin n’est ouvert qu’en juillet et en août.
Je me suis donc rabattue, non sans plaisir, sur la maison principale où j’ai appris que la formule bistrot allait de 24,50 euros (entrée-plat ou plat-dessert) à 29,50 euros (entrée-plat-dessert). J’ai opté – et c’est probablement là mon erreur – pour le plat du jour qui se présente comme un retour du marché . On m’a annoncé un saumon aux lentilles que j’ai eu, littéralement, dans mon assiette. Sans l’ombre d’une petite carotte fane ou d’un oignon nouveau. Le saumon était croustillant à souhait mais les lentilles auraient mérité quelques minutes de cuisson supplémentaires. Et puis, fin mai, en Drôme provençale, j’aurais rêvé d’un plat frais et printanier, avec des légumes locaux. J’aurais peut-être pour cela dû prendre le confit de veau…
Les desserts sont proposés dans une vitrine et servis dans dans des soucoupes. C’est dire leur taille. Je ne mourais pas de faim après mon plat mais aurais aimé plus de générosité dans l’assiette, comme on dit. Mon cheesecake à la vanille et aux fraises ne m’a pas réellement réconciliée avec l’endroit : si sa mousse était légère et peu sucrée, le biscuit sur lequel elle était juste posée était trop beurré à mon goût, apportant un déséquilibre à l’ensemble. J’ai demandé du coulis, servi dans un petit pot, pour compléter la garniture composée de cinq morceaux de fraises.
Depuis toutes les années que je fréquente le Clair de la Plume, j’ai pris l’habitude de ces serveuses et serveuses étrangers stagiaires qui ne comprennent pas toujours bien ce qu’on leur dit, sont lents au service et pas très chaleureux. Ma dernière visite n’a pas fait exception. Mon serveur ne m’a pas jamais apporté l’eau demandée à mon arrivée et dommage pour moi, le maître d’hôtel ne m’avait pas vue rentrer. L’impression générale d’un service compassé et peu personnel n’a pas contribué à me faire apprécier ma lunching experience.
Quant à mon verre de vin, il est passé d’un grignan-les-adhémar à un crozes-hermitage. Je n’y ai pas perdu au change, me direz-vous, mais pour une commande de vin local, c’est raté ! Le service a été moins lent que d’habitude – c’est à noter si je veux être juste. Mais d’où viennent donc ces stagiaires ? Pas de l’Institut Paul Bocuse, osé-je espérer… Et comment se déroule le service le soir ? Là est la question.
Une impression globale mâtinée d’amertume
Je n’écris d’habitude pas de billets lorsque je suis déçue par un restaurant. Ce n’est pas dans ma philosophie. L’erreur est humaine et la cuisine, un art subtil, à reproduire repas après repas. Soit. Mais dans ce lieu enchanteur qu’est le Clair de la Plume, dans ce nouveau restaurant gastronomique – et étoilé, ne l’oublions pas – le soir et bistronomique le midi, j’espérais trouver mieux, dans l’assiette comme au service.
Je n’attends pas une deuxième visite pour écrire mon billet car, à ce prix-là, soyons claire, je ne suis pas sûre de revenir. Les Parisiens ou les étrangers ne seront peut-être pas gênés de dépenser une telle somme pour un repas moyen mais moi, je préfère garder mon budget pour la multitude de restaurants lyonnais qui offrent des formules appétissantes et intéressantes pour le déjeuner (je vous ai déjà parlé du Canut et les Gones ?!…).
Un petit espoir
Allez, je vous laisse sur une note positive. Le menu de la Fête des mères, formule gastronomique du dimanche midi donc, m’a fait saliver. Pour 75 euros en cinq services ou 95 euros en sept services, il proposait moult produits de saison, dont certains issus de l’agriculture locale : asperges vertes, framboises, chèvre, fraises de Carpentras.
Si vous allez déjeuner ou dîner au Clair de la Plume, vous nous en direz des nouvelles ?…
Le Clair de la Plume
2 place du Mail
26230 Grignan
04 75 91 81 30
Ouverts tous les jours,
service bistronomique du lundi au samedi midi,
service gastronomique tous les soirs ainsi que le dimanche midi et les jours fériés,
salon de thé de 14h à 18h
je trouve tes photos très chouettes, pleines de printemps, de lumière et d’harmonie…