Quand j’ai perdu mon premier bébé, il y a 15 ans, une camarade de gym, alors âgée de plus de 60 ans et ayant perdu sa fille adulte, m’a dit : « Rien ne dure. » En état de deuil et de désespoir, je ne suis pas sûre d’avoir bien compris cette parole de sagesse. J’ai à nouveau entendu quelqu’un dire ça, à propos du Coronavirus, il y a quelques jours. Ne me demander pas qui (un expert à la radio ou une voisine !), j’ai oublié.
Hier, j’ai profité du beau temps pour aller porter mon compost chez mes parents, qui n’habitent pas loin de chez moi. D’habitude, mon père, pourtant perclu d’arthrose – et de tant d’autres maux –, vide consciencieusement mes boîtes aussi tôt que j’arrive, un peu n’importe où dans le jardin d’ailleurs ! Hors de question qu’il touche à mes boîtes dorénavant, ou même que je rentre dans leur maison.
J’ai redécouvert le fond du jardin, où s’entreposent diverses choses, dont le compost, caché. J’en ai profité pour ratisser l’allée qui y mène, et pour couper des branches mortes tombées pendant les tempêtes. J’étais venue avec mes enfants, leur avais installé le jeu de badminton au milieu du « pré ». Tout était bien : le soleil, le jardin, le jardinage, les jeux, les enfants en mouvement. Si ce n’est que j’étais obsédée par le fait que nous n’approchions pas mes parents, et inversement. Et que nous ne touchions rien qu’ils pourraient toucher. Ma mère levait apparemment les yeux au ciel à chacune de mes remarques de prévention.
« Il faut qu’on arrête d’aller chez Granny et Grand-Père », m’a dit mon fils aîné au dîner. J’y ai réfléchi cette nuit. La solution de notre « confinement » dans leur jardin ne semble pas en être une. Nous les appellerons. Je passerai leur déposer les courses. « Rien ne dure », a dit Danielle. Je compte là-dessus.
Postambule : Partant du principe que les angoisses se gèrent mieux quand elles sont écrites (en ce qui me concerne, en tout cas !), et craignant le confinement à venir et toutes les conséquences humaines, économiques et sociales du coronavirus, j’ai décidé d’écrire sur mon blog, tous les jours de cette période anxiogène, une chronique, plus ou moins longue.
Sans prétention littéraire, sans même vous garantir qu’elle reposera sur des faits réels. Juste des mots posés, pour me faire du bien, et peut-être à vous aussi. Avec une jolie photo en illustration pour ne pas oublier la beauté du monde qui nous entoure.