Tout a commencé un lundi, un lundi banal quoiqu’ensoleillé. Un rendez-vous professionnel quai Saint-Vincent, où la Presqu’île lyonnaise frôle encore la Saône avant de prendre de la hauteur pour s’élever sur la colline de la Croix-Rousse. La grande porte cochère franchie, c’est l’ébahissement : le style Art Nouveau de l’entrée de l’immeuble me saute aux yeux, dans toutes ses courbes et arabesques si caractéristiques.
Lyon, 1900
Ça continue dans l’appartement où je suis accueillie, aux volumes généreux et aux moulures pourvues de douces rondeurs rarement vues dans un appartement privé. Je ne suis plus à Lyon en 2019 mais téléportée au début du 20° siècle. William Morris, Mackintosh, Guimard, me viennent à l’esprit ainsi que toutes les représentations de la nature si typiques de l’Art nouveau.
De mes recherches, j’apprendrai plus tard que le percement de la rue de la Martinière (1900-1907), dans le prolongement de laquelle se trouve le quai Saint-Vincent, a donné naissance à ces immeubles Art Nouveau. Ils ne sont pas si nombreux à Lyon, a priori, le quartier des Brotteaux en abritant aussi quelques-uns.
Bauhaus, un temps nouveau
Ça se poursuit enfin sur mon écran d’ordinateur le lendemain. J’ai repéré une série sur Arte intitulée Bauhaus. Je ne sais alors pas situer exactement ce courant artistique au sein du 20esiècle mais je sais qu’il m’intéresse, m’interpelle. Je lance le premier épisode et sais déjà que je vais devoir me faire violence pour ne pas dévorer les six épisodes d’un coup !
Le Bauhaus s’est inspiré du Mouvement Art Nouveau, qui l’a précédé dans le temps. C’est là le lien le plus flagrant entre mes deux expériences de vie. Mais c’est aussi la question de l’art, de l’inspiration glanée au coin de la rue, sans la chercher, et de l’architecture urbaine, qui relient ces deux moments forts. Si le premier m’a donné envie d’explorer plus avant le patrimoine Art Nouveau de ma ville natale (et notamment du quartier de La Martinière avec les visites proposées par cet historien de l’architecture, par exemple), le deuxième m’a marquée en profondeur. C’est en effet autant la création (contestée) de la Staatliches Bauhaus à Weimar en 1919 qui est mise en scène avec brio que la place des femmes en tant qu’artistes à part entière qui est questionnée dans la série allemande de Lars Kraume.
Aventure artistique et droits des femmes
Les créations des élèves du Bauhaus, de la chaise de Marcel Beuer aux textiles tissés de Gunta Stölzl, se créent quasiment sous nos yeux, en même temps que surgissent les questions d’ordre politique et pédagogique que doit se poser le directeur de l’école de l’époque, Walter Gropius. L’histoire d’amour qui se déroule en parallèle ne tue pas le propos mais, au contraire, le sert puisque Dörte Helm, l’artiste qui aurait eu une relation amoureuse avec Gropius, est une suffragette qui se bat pour les droits et la place des femmes au sein de l’école d’arts appliqués. Vous aurez compris que je ne peux que vous conseiller cette série (à voir en replay sur Arte jusqu’au 3 décembre).
Pour aller plus loin
Plusieurs options s’offrent à vous (et à moi, qui n’ai plus que le Bauhaus en tête depuis quelques semaines !) :
* aller à Dessau découvrir le musée du Bauhaus nouvellement inauguré,
* aller à Berlin pour l’exposition célébrant les 100 ans du Bauhaus (je suis bien tentée !…),
* découvrir le maître de l’Art nouveau viennois (on change de pays et on revient aux sources de l’inspiration !), Otto Wagner, à la Cité de l’Architecture à Paris (jusqu’au 16 mars 2020),
* prolonger la modernité en allant sur les pas de l’architecte et designer Charlotte Perriand à la Fondation Vuitton (jusqu’au 24 février 2020).
Et vous, connaissiez-vous le mouvement du Bauhaus ? Quelle exposition ou musée vous inspire le plus dans les trois cités au-dessus ?
NB : Vous voulez en savoir plus sur “les filles du Bauhaus” ? Lisez cet article de Beaux Arts Magazine.
NB2 : Pour creuser le sujet du Bauhaus lui-même et voir de belles photos d’archives, rendez-vous sur le site des 100 ans du Bauhaus.
Elles sont magnifiques tes photos !!! Je n’ai pas vu la série, dont tu m’avais parlé pourtant… par contre j’ai lu le bal mécanique, qui se passe justement au sein de ce mouvement du bahaus, si tu ne l’as pas lu, je te le recommande chaudement !!!!