300 000. Nous étions 300 000 aujourd’hui à Lyon (environ le quart des habitants de la Métropole), à défiler entre Grange Blanche et la place Bellecour pour la marche républicaine en hommage aux victimes des attentats terroristes perpétrés cette semaine en France, et notamment aux 12 morts de Charlie Hebdo. 300 000 hommes et femmes libres, dans un pays qui a toujours prôné la liberté d’expression et s’est rendu compte mercredi qu’elle pouvait être bafouée de la manière la plus sauvage qui soit.
J’ai passé une heure à attendre que passent mes amis, qui défilaient en amont de la marche. Une heure sur le bas côté à regarder les visages de tous ces gens réunis, unis, autour de mêmes valeurs et d’un même combat. Je les ai tous trouvés beaux. L’émotion était palpable. Une émotion liée à l’horreur que nous avons vécue ces derniers jours mais aussi l’émotion d’être là, tous ensemble, pour signifier aux extrémistes et aux terroristes de tout poil que nous sommes prêts à lutter.
Crédit : Olivier Morel pour Mapom-Géoatlas
Comme vous tous, malgré la stupeur et les larmes de ces derniers jours, j’ai eu le temps de me demander comment on en était arrivés là et surtout, comment on pouvait faire pour que ça ne se reproduise pas. Je ne parle pas de géopolitique, j’en suis très loin. Je parle de ce que chaque citoyen a en son pouvoir. Les analystes nous ont parlé du besoin de faire corps, de faire bloc, face à ce trauma collectif. De parler, entre nous, et aux enfants aussi.
François Morel l’a joliment dit sur France Inter : il nous reste l’amour. L’amour en actes : le respect, l’écoute, la bienveillance. Des mots magnifiques, qui cachent des réalités plus complexes. Ces derniers jours, j’ai chéri mes enfants plus encore que d’habitude et réfléchis au monde que nous construisons pour eux. A la nécessité de faire un travail d’éducation pour leur transmettre à la fois les valeurs républicaines et celles, essentielles, de tolérance et de respect d’autrui dans sa diversité. Lutter au quotidien contre le racisme. Ne pas les faire grandir dans la peur de l’autre. Ne pas avoir peur moi-même.
Je me considère comme une féministe. Un mot qui fait peur et que peu de femmes assument. Je le revendique et suis tellement reconnaissante aux femmes qui ont œuvré avant nous. Les droits des femmes sont bafoués dans bien des pays, et dans le nôtre aussi encore. Rien n’est jamais complètement acquis. La liberté d’expression non plus, donc.
Nous nous croyions à l’abri en France, en 2015, alors que le monde est à feu et à sang. Mais aujourd’hui, 11 janvier 2015, nous nous sommes réunis pour dire que nous avions compris et que nous étions unis dans la lutte. Que ce beau pays dont nous avons tant de raisons d’être fier puisse continuer à offrir liberté, égalité et fraternité au plus grand nombre. A nous de bosser sur l’amour et la tolérance…
Crédit : Jean Rossignol, à Marseille
Merci Anne Liesse pour ces mots si émouvants!
Hier à Lyon les sourires étaient sincères.
Je t’embrasse mon amie!
Hello Béa,
Oui, moi aussi, je crois que les sourires étaient sincères. Un grand moment d’humanité… à prolonger au quotidien, tous les jours.
Même si j’ai entendu les statistiques concernant les personnes qui avaient participé à la marche et qu’on ne peut pas dire que la mixité culturelle, sociale, politique était au rendez-vous ;-( Mais des millions de personnes qui se mobilisent, c’est quand même un signal fort.
Je me demande comment ton Joseph, pré-ado, a vécu les choses… Tu me diras mercredi ! 😉
Bisous, bisous
Je découvre ton billet… La photo est magnifique.. Et le dessin je n’en parle même pas évidemment ! Comme toi je suis féministe, reconnaissante de nos droits actuels pour lesquels d’autres femmes avant nous se sont battues… Comme toi et François Morel (je ne peux qu’être d’accord avec un Morel !) je crois que l’amour sous toutes ses formes et avant tout celui qu’on transmet à nos enfants sauvera le monde car l’amour est indissociable du respect et rien de mieux que le respect de l’humain et de la planète…
N’empêche… Il est difficile de rester confiant quand on réalise l’étendue des dégâts…
En tous cas bravo pour ce billet fort juste et fort touchant !
Merci, Aurel ! Que ferais-je sans tes compliments… Merci de ce long commentaire.
Comme Caro (de Pensées by…), je continue à écouter tout ce que je peux sur le sujet à la radio. J’ai arrêté de lire car je finissais irrémédiablement à passer trop de temps sur les réseaux sociaux, à vouloir partager et à trouver de nouvelles infos, souvent passionnantes mais par trop anxiogènes. A midi, c’était des profs qui témoignaient sur France Inter. Leur travail d’éducation est immense – et le nôtre aussi, en tant que parents.
Mon pote Manu ajouterait – à raison – le rôle essentiel de la culture, dont la cuisine fait partie, comme l’a écrit Clotilde (de C&Z). Bref, tout ça fait réfléchir… et réagir, loin de chez nous, mais avec encore des morts. Ne pas se blinder, tout en se protégeant quand même – et nos enfants avec. Je suis un peu dépassée, comme beaucoup d’entre nous certainement…
Tout à fait d’accord sur le rôle primordial de la culture… Je t’ai d’ailleurs envoyé un lien vers une interview de Cyrulnik qui parle justement de tout ça avec une intelligence et une pertinence magnifiques, quel homme… Comme toi (et caro from penséesby) je continue de lire et écouter tout ce que je peux , je n’arrive pas à faire autrement… Et je dois bien avouer que malheureusement ça me maintient dans un état de chagrin plus que d’espoir…