16 Oct 2010 | 0

Un pressing écolo à Lyon (et ce qu’est un vrai pressing écolo)

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J’ai rencontré Patrice et Gabrielle à un atelier Nesting il y a quelques semaines, à la Maison de la Parentalité, à Lyon. L’atelier ayant trait aux liens entre santé et environnement, tous les participants portaient un vif intérêt à ce sujet. La question des produits ménagers et de l’entretien du linge a rapidement été abordée et nous avons alors appris que ce couple de trentenaires avait ouvert un pressing écolo à Lyon… il y a deux ans !  Un pressing dont je n’avais jusqu’alors jamais entendu parler et qu’il me fallait donc voir des mes yeux vus. Avant de vous en faire la visite, un petit rappel sur les pratiques françaises en matière de pressing.

90% des pressings français pratiquent le « nettoyage à sec » et utilisent du perchloroéthylène, un solvant chloré classé «cancérogène probable» (de catégorie 3) par l’INRS. Le « perchlo » est également considéré comme toxique pour le système nerveux et les voies respiratoires. Ses dégâts s’étendent à l’environnement. Il fait en effet partie des composés organiques volatils (COV) et se dégrade très lentement une fois rejeté dans l’eau ou dans l’air. Il contamine ainsi les nappes phréatiques, les eaux de surface et les sols.

Pourquoi donc continuer à utiliser un produit aussi dangereux ? Les Etats-Unis et la Suède ont déjà réagi en interdisant l’installation de nouveaux pressings utilisant le perchlo. D’ici à 2020, ce produit sera totalement retiré des Etats-Unis. En France, on estime qu’avec les quelque 5 000 entreprises de nettoyage à sec, 8 200 tonnes de perchlo sont émises chaque année dans l’air, surtout dans les zones résidentielles (source Rue89).

sont le siloxane et le KWL. Le siloxane est un solvant nouvelle génération présenté par son inventeur, Green Earthune filiale de Procter & Gamble et de General Electric, comme l’alternative écolo au perchlo. Il est utilisé par la chaîne de pressing Sequoia et par le pressing Kennedy, dans le 16° arrondissement de Paris, qui a été l’un des premiers pressings à ouvrir en se présentant comme écolo. Le siloxane est en fait un composé de silicone, donc un produit dérivé de la pétrochimie, fabriqué à partir de silice liquéfiée (du sable, en fait). Il se présente sous  la forme d’un liquide doux, incolore et inodore qui, selon ses utilisateurs, nettoye en profondeur les fibres.

Si l’utilisation du siloxane est très répandue aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, le ministre de l’Environnement et la ministre de la Santé canadiens, qui ont toujours un train d’avance (comme pour le Bisphénol A) ont proposé en janvier 2009 d’ajouter les siloxanes D4 et D5 (celui utilisé en nettoyage à sec) à la Liste des substances toxiquesLa Commission de révision canadienne devrait présenter son rapport au ministre de l’Environnement d’ici au 31 mars 2011.

L’autre alternative au perchlo est le KWL (pour Kohlenwasserstoff-Lösungsmittel), qui signifie HydroCarbone sans Chlorine, un solvant chimique non cancérigène moins volatif que le perchlo, qui est pulvérisé sur les textiles à nettoyer préalablement chauffés puis récupéré et filtré. Interdit aux Etats-Unis, le KWL est très utilisé en Allemagne, où il a été inventé. Ce produit est utilisé par quelques pressings en France, avec le système IPURASelon ses partisans, ce procédé permettrait de consommer mois de solvant, quatre fois moins d’eau et trois fois moins d’énergie que les techniques concurrentes, il n’en reste pas moins que le solvant utilisé est un dérivé pétrolier, qui plus est inflammable, puisque c’est un hydrocarbure.

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Et maintenant, visite guidée des 150 m2 de locaux dans le sixième arrondissement de Lyon avec Patrice Martin, le fondateur d’Heracles V, papa d’un petit Abel, 9 mois, qui rend souvent visite à son papa au pressing.

Pourquoi le nom « Heracles V » ?

« Ce nom fait référence aux dix travaux d’Hercule (Héraclès dans la mythologie grecque). Ce dernier dût accomplir dix travaux pour expier une faute grave. Le cinquième travail consistait à nettoyer et purifier les écuries d’Augias, roi d’Elide, ce qu’il fit en détournant les fleuves Alphée et Pénée.
Avec l’aquanettoyage, nous aussi, comme Hercule, utilisons l’eau pour le nettoyage.

Comment est né votre projet ?

Ma grand-mère était  lavandière et repasseuse professionnelle à Nice. J’avais d’abord envisagé d’ouvrir une repasserie mais j’ai identifié de nombreux besoins en nettoyage, notamment écologiques. Je me suis donc informée sur les solutions qui existaient et ai été très enthousiasmé par l’aquanettoyage.

En quoi cette méthode est-elle écologique ?

L’aquanettoyage, comme son nom l’indique, utilise l’eau comme base nettoyante, et non pas des solvants. Exit donc le perchlo ou le siloxane et leurs nuisances. Les additifs que nous utilisons sont labellisés L’Ange Bleu en Allemagne (NDA : le plus ancien label en matière de protection environnementale). Ils sont biodégradables et se détériorent au bout de 7 jours. Ils ne laissent donc aucune trace sur l’environnement et sont en plus très fiables. Je précise que nos vêtements sont séchés au naturel, sur cintres, dans nos locaux, ce qui préserve la fibre du vêtement. Nous pouvons ainsi traiter tous types de vêtements : laine, soie, lin, angora, cachemire, etc. Seuls les vêtements en cuir et les tapis sont sous-traités car ils ne peuvent être nettoyés à l’eau.

Notre démarche se veut également écologique de manière plus globale : nous invitons les clients à nous rapporter les cintres et utilisons un plastique biodégradable pour emballer les vêtements. Nos machines sont économes en eau et en électricité et nous les avons programmées afin de pouvoir diminuer les quantités de produits lorsque nous ne faisons tourner qu’une demie-machine, par exemple. Nous avons aussi adhéré à kWh Equilibre +un programme d’EDF qui consiste à acheter une électricité produite à partir d’énergies renouvelables et à participer au développement de la technologie photovoltaïque. Enfin, notre pressing a obtenu le label Lyon Ville équitable et durable (NDA : comme mes petits copains d’Alter et Terre !).

Vous proposez un abonnement pour les couches lavables.

Oui, nous proposons un abonnement à 29 euros par mois pour le nettoyage d’un nombre illimité de couches dans le mois. Les couches peuvent être déposées sales le matin et récupérées propres le soir.

Un programme avait été établi avec la mairie de Lyon au printemps 2010 afin d’organiser le nettoyage des couches lavables de plusieurs crèches de la municipalité. Nous nous sommes beaucoup investis dans ce programme, allant jusqu’à créer des sacs de ramassage spécifiques et à faire venir des experts d’Allemagne pour paramétrer les machines à ce nettoyage particulier. Le programme s’est arrêté au bout de deux jours, sans que la Mairie nous donne d’explication. Nous regrettons cet arrêt soudain, mais espérons que le programme reprendra bientôt. »

En conclusion, je ne

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