J’ai découvert l’article qui porte ce titre grâce à un des derniers billets du blog The Feminist Kitchen, lui-même intitulé : « Si je prépare le repas et que tu fais la vaisselle, qui va s’occuper des enfants ? ». Ce blog est écrit par Addie Broyles, une mère de deux enfants qui vit à Austin (Texas) et parle des liens entre les femmes et la nourriture. Addie se décrit comme une féministe dans sa propre cuisine et l’idée d’allier les notions de cuisine et de féminisme m’a tant plu que je suis son blog (et son Twitter) depuis quelques mois. Je vous encourage à lire son manifeste, qu’elle a rédigé à la création de son blog en mai 2010.
Le billet d’Addie fait référence à un article du Wall Street Journal écrit par la journaliste culinaire Katy McLaughlin : “Quel est le prix d’un repas fait maison ?“. La journaliste y parle du dilemne auquel elle fait face depuis quelques temps concernant la préparation quotidienne du dîner. Convaincue qu’il est important d’offrir à sa famille un repas fait maison, que ce soit du point du vue de la qualité du repas ou du prix qu’il coûte, Katy cuisine tous les soirs tandis que son mari, Alejandro, s’occupe de leurs deux enfants. Alejandro a pourtant remis en question cet ordre des choses il y a un an, fatigué de gérer seul la rivalité qui opposait leurs fils de 4 et 5 ans. Désormais, un soir par semaine, Alejandro se charge du dîner. Ne sachant pas cuisiner, il leur fait livrer des plats tout prêts ou achète du surgelé. Si Kathy n’est pas ravi de payer plus cher des plats qu’elle pourrait faire elle-même, elle se réjouit d’avoir du temps à passer en famille à jouer avec ses enfants. Car ce temps-là a un prix… ou pas de prix, dirais-je même.
Ces deux billets, aussi bien leur titre que leur contenu, m’ont interpellée. Addie souligne la pression actuelle qui pèse sur les familles, les enjoignant de se réunir soir après soir autour d’un dîner fait maison. Comprenez-moi bien : je suis une fervente partisane du dîner qui réunit parents et enfants, moment de partage et d’échanges du soir. Dans l’idéal, rien de mieux bien sûr qu’un repas fait maison, préparé avec des ingrédients frais, locaux, de saison…, bio, si possible,…. et beaucoup d’amour. Mais dans la réalité, comme Addie le fait si bien remarquer, un tel repas sous-entend non seulement du temps et du travail passés à sa préparation, mais aussi des courses, du rangement, de la vaisselle et d’avoir idéalement un parent qui s’occupe des enfants pendant que l’autre est occupé à cuisiner.
Dernièrement, avec le retour du beau temps, mon bébé qui est en phase de diversification et dont les repas sont donc beaucoup plus longs, et la fatigue de six mois de nuits interrompues qui a du mal à s’estomper, cuisiner m’est devenu un vrai pensum. J’ai régulièrement des pannes d’inspiration culinaire, plus ou moins longues, mais dans le cas présent, il s’agit d’une panne d’envie tout court. Il faut bien manger, nourrir ma famille, notamment mon grand de 5 ans (pas très porté sur les crudités et les fruits frais…), mais je n’ai pas très envie de penser à quoi manger, et encore moins envie de passer du temps à cuisiner. Un comble pour une blogueuse culinaire, non ?
Je laisse Gilbert faire quelques courses de produits frais puisqu’il travaille aux Halles de Lyon. Jambon/melon, poulet froid/tomates sont des duos qui dépannent souvent chez nous. J’arrive quand même à allumer le gaz pour compoter les abricots (un peu à la Makanai, mais sans cardamome), dont je raffole, et les servir avec une glace au lait d’amande (François Thirion pour Picard) et un biscuit sablé, comme je m’en suis repue à Beaumes-de-Venise. Mais, comme Cléa, il me semble impensable d’allumer le four par une telle chaleur.
Plutôt que cuisiner, je préfère profiter du jardin. Je me munis de mon arme fatale – j’ai nommé le sécateur – pour tailler gentiment notre envahissante glycine. Ou je rejoins Gilbert et Antoine qui folâtrent dans la piscine pendant la sieste du soir de Raphaël. Ou encore, je m’installe tranquillement sur un transat, bébé sur les genoux, pour regarder mon grand faire des prouesses footballistiques.
Rien ne me plaît tant, en cet été caniculaire, que l’heure qui suit le repas. Les estomacs auparavant affamés sont calmés et la soirée s’ouvre à nous, douce et (relativement !) calme. La lumière décline en même temps que la fraîcheur tombe. Les fleurs de la bignone ploient sous la fatigue, de nouvelles viendront les remplacer demain. C’est l’heure d’arroser, de taper les dernières balles, de discuter avec ma douce voisine par dessus la barrière. Le temps semble suspendu, offert, les tâches de la journée sont à peu près remplies, le travail du soir attendra plus tard… ou sera remis au lendemain. Quelques minutes encore, le bonheur est là, les enfants le sentent bien, qui voudraient repousser l’heure du coucher.
Mes plus beaux souvenirs d’enfance sont compris dans ces heures, j’espère que ceux de mes enfants le seront aussi…. Le dîner ? Il a bien fallu le composer, mais peu importe qu’il ait été entièrement fait maison ou pas. Là n’est pas l’essentiel en cette saison pour moi.
Et vous, quelles sont vos solutions pour concilier plaisirs en famille et préparation des repas en été ?