31 Mai 2011 | 0

The Help (La Couleur des sentiments) de Kathryn Stockett

The Help 2

1962 – Jackson, Mississipi. Je m’appelle Skeeter. Je suis grande, maigre, blanche, mes cheveux blond pâle sont indomptables. Je passe mes journées sur ma machine à écrire, dans ma chambre sous les toits de notre maison coloniale ou sous la véranda, quand la chaleur devient insupportable. Mon corps est tendu et fourbu à la fois, mes doigts sont tachés d’encre. Il me reste 10 jours pour finir d’écrire toutes ces histoires avant le délai fixé par l’éditrice. 10 jours pour finir de mettre en forme ce que ces femmes m’ont dit. Ces femmes, qui sont-elles ? Les bonnes noires des familles blanches de Jackson : nounous, cuisinières, femmes de ménage, elles font tout, remplissent tous les rôles.

2011 – Lyon 5°. Je suis lectrice et conteuse par intérim en même temps. 23h, 6h, 10h : toute heure de la journée est bonne pour voler quelques minutes et avancer dans la lecture de ce livre. Tout faire pour ne pas le lâcher, rester avec ses personnages. Ne pas penser à la fin, au moment où il faudra tourner la dernière page et quitter la moiteur du Mississipi, où règne encore la ségrégation raciale en ces années mouvementées pour le sud des Etats-Unis. Je suis tout à tour blanche ou noire selon les chapitres, Skeeter ou Aibileen, ou encore Minny. Je m’incarne dans ces femmes qui luttent, chacune à leur façon, pour que la vérité se fasse jour, leurs vérités.

A l’image d’Une autre vie que la mienne (d’Emmanuel Carrère, que j’ai chroniqué The Help (traduit assez librement par La Couleur des sentiments) et ses personnages, hautement attachants, resteront avec moi longtemps. L’écriture (en anglais, du moins) est fluide, le récit bien mené, les dialogues très vivants. Si l’histoire s’inscrit sur fond de violences raciales, l’auteure (elle-même blanche, originaire de Jackson et élevée par une bonne noire) ne cède jamais au manichéisme. Au contraire, c’est l’humanité qui prévaut, l’identification immédiate avec chacun des personnages, sans pathos mais avec empathie. Ce livre a déjà séduit plus de 2 millions de lecteurs américains. Il ne pourra que vous séduire, vous aussi.

Et vous, à quels personnages vous êtes-vous identifiés dernièrement ?

The Help (La Couleur des sentiments) de Kathryn STOCKETT

Penguin, 2010 – 6,92 euros (sur Amazon, en anglais)

Editions Jacque, 2010 – 23,80 euros, en français 

NB : Autres femmes, autres temps, je me suis également laissée emporter par « la bible au féminin » de Marek Halter. J’ai lu avec plaisir Sarah (épouse d’Abraha) et Tsippora (épouse de Moïse). Me reste à lire Lilah. 

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