Vue d'ensemble La Pyramide

Un rendez-vous non loin de Vienne, situé à 30 kilomètres au sud de Lyon, et mon exploration des bonnes tables en bord de Saône et Rhône se poursuit ! Qui dit Vienne dit la Pyramide, « chez Point », du nom du chef qui dirigea l’établissement viennois de 1925 à 1955 et en fit une référence de la gastronomie française. Fernand Point fut notamment l’un des premiers chefs à obtenir trois étoiles au guide Michelin en 1933 (en même temps qu’Eugénie Brazier). La Pyramide (réellement située à côté d’un obélisque, unique vestige d’un cirque romain) devint une étape gastronomique prisée pendant l’entre-deux-guerres, au même titre que le restaurant d’André Pic, tous deux situés sur la nationale 7. Elle le restera jusqu’en 1986, grâce à Mado Point, qui fera perdurer l’héritage de son mari de 1955 jusqu’à son décès.

C’est au bout d’une rue paisible menant au Rhône et ponctuée de part et d’autre de demeures bourgeoises que se trouve la Pyramide. Plus de famille Point aux commandes : Patrick et Pascale Henriroux ont repris l’affaire en 1989. Ils en sont devenus propriétaires en 1998 après avoir fièrement regagné une puis deux étoiles au Michelin, en 1990 et 1992. La Pyramide n’a pas flanché.

Allée jardin

Malgré ce passé prestigieux et ces étoiles maintenues coûte que coûte, ce n’est pas le restaurant gastronomique que je voulais tester pour le déjeuner (trop cher, trop copieux) mais le restaurant attenant, au surnom d’élément chimique : l’Espace PH3. Première bonne surprise une fois la pyramide localisée : l’entrée est commune aux deux restaurants. A droite, passée la porte en verre fumé, le sanctuaire gastronomique, et à gauche, du côté de la verdure, l’autre restaurant. Trop élégant pour être appelé bistrot, plus confidentiel qu’une brasserie, il s’agit donc d’un « espace » de convivialité avec cuisine de démonstration. Un petit air victorien se dégage du lieu : serait-ce le bow window ou la moquette rayée ?!… Si les harmonies de couleur m’échappent un peu, il se dégage cependant des lieux une atmosphère extrêmement cosy. En ce jour voilé, la terrasse et ses jardins à la française ne nous accueilleront que pour le café. Le repas, lui, se déroulera dans la chaleur de la véranda bleu canard, cadre parfait pour admirer les massifs de rosiers et les buies taillés au millimètre.

La formule du jour à 23€ (plat + dessert + ½ eau + café) est alléchante mais nous ne sommes pas tous les jours en visite dans la sous-préfecture de l’Isère alors nous choisissons dans la carte, parmi trois entrées, trois plats et trois desserts. J’opte pour une entrée locale et de saison tandis que mon compagnon de table se délecte d’une petite volaille. 

Asperges

Asperges blanches de Monsieur Clamaron, croustilles de coppa et raifort (14€)

Cailles

 Cuisses de cailles fumées en salade de haricots verts (17€)

Le service est un peu inégal d’un serveur à l’autre et le verre de Roussane (un vin de pays issu d’un cépage blanc) qui nous est conseillé nous fait regret. Heureusement, notre plat gourmand, un filet de fera, va être mis en valeur par un vin drômois dont nous sommes coutumiers : un Terre d’épices du domaine de Grangeneuve. Si le plat est un peu avare en sauce, le serveur ne l’est pas, qui m’apporte un petit pichet supplémentaire pour arroser mon poisson dès mon désarroi culinaire exprimé !

Fera

Filets de fera accompagnés de gnocchi et beurre battu à la fourme (18€)

Fraises

Soupe de fraises à la menthe, crumble et milkshake (10€)

Inutile de dire que nous avons partagé le dessert après ces copieuses agapes. La soupe de fraises ne restera pas dans les annales : pourquoi alourdir le croustillant du crumble avec ce milkshake grossier ? Je garderai plutôt dans mon souvenir les quelques pas faits dans le jardin à l’issue du déjeuner. Clos de murs, cet espace vert sur lequel donne l’hôtel Relais et Châteaux est un havre de paix, tranquillement adossé à la colline. Est-ce là que Fernand Point servait son gratin de queues d’écrevisse aux stars de cinéma qui faisaient étape à Vienne en descendant sur la Côte d’Azur ? Je l’ignore mais goûter à la cuisine de Patrick Henriroux et sa brigade dans ce cadre champêtre m’a donné l’impression de l’être, la star de la N7 ! 

L’Espace PH3 – Patrick & Pascale Henriroux

14 boulevard Fernand point

38200 Vienne

04 74 53 01 96  

www.lapyramide.com

NB : Vous pensez n’avoir aucune raison d’aller à Vienne ? Mais si, en voici trois excellentes : 

* Jazz à Vienne, le festival annuel qui a lieu au début de l’été dans le théâtre romain, 

* le musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal, de l’autre côté du Rhône,

* le bouchon dans lequel vous serez immanquablement pris à un moment ou à l’autre cet été sur l’A7 !

Epicerie

L’épicerie de luxe qui jouxte l’hôtel