Vue d'ensemble Fond Rose

C’est une maison rose, accrochée à la colline. On n’y vient pas vraiment à pied mais quel plaisir de longer les quais de Saône pour y accéder. On est à Caluire-et-Cuire, une commune sise au nord de Lyon, dans le prolongement de la colline de la Croix-Rousse, et bien entourée par nos deux fleuves. Chemin faisant, on a déjà passé une brasserie Bocuse, l’Ouest, située dans le quartier de Vaise, de l’autre côté de la Saône, et on n’est pas loin du fief du célèbre chef, à quelques kilomètres en amont de la rivière, à Collonges-au-Mont d’Or.

Trois restaurants Bocuse le long de la Saône, quatre autres brasseries à retrouver en ville (le Nord aux Terreaux, le Sud à Bellecour, l’Est aux Brotteaux et l’Argenson à Gerland) et deux restaurants de cuisine rapide Ouest Express (à Vaise et à la Part-Dieu), c’est peu dire que Paul Bocuse occupe le terrain à Lyon. En rachetant l’Auberge de Fond-Rose en 2011, c’est aussi une partie de l’histoire de Lyon qu’il a acquise. Cette demeure bourgeoise, longtemps tenue par Gérard Vignat, MOF, qui y avait obtenu une étoile au Michelin, a en effet une place spéciale dans le cœur des Lyonnais, qui appréciaient son cadre verdoyant autant que sa cuisine bourgeoise.

Grande salle

Les arbres centenaires sont toujours là, qui trônent, majestueux, mais la maison est masquée par une immense verrière contemporaine qui s’étend sur toute sa longueur. Le restaurant a été entièrement rénové par le célèbre designer local Alain Vavro et accueille dorénavant plus de 150 couverts en intérieur et 200 en terrasse. La cuisine y est ouverte, comme à l’Ouest, et la décoration élégante mais chaleureuse : parquets en bois et jeux de poutres orange et taupe à l’intérieur, mobilier métal et bois à l’extérieur. Seule fausse note à mon goût : la présence d’écrans plats, qui plus est allumés sur une chaîne diffusant des clips vidéo. L’atmosphère fin de siècle de l’Auberge n’est plus, vive le 21ème siècle et sa technologie, ambiance brasserie oblige… Je suis à peine rassurée quand la serveuse m’explique que le son est coupé le soir. Messieurs, vous aurez le plaisir d’y voir diffuser les matchs de foot. Mesdames, ça vous donnera peut-être envie de fuir, comme moi…

Nous étions heureusement là pour déjeuner, installés en terrasse, prêts à goûter les rayons du soleil retrouvé après une si longue absence. Prêts aussi à goûter la cuisine d’Olivier Bourrat, un ancien de l’Est. La carte est classique, déclinée autour de valeurs sûres – que l’on retrouve aussi à la carte des autres brasseries -, et chère : ne comptez pas trouver d’entrées à moins de 10€ (sauf une) et de plats à moins de 18€. Une formule du jour bien alléchante est cependant proposée à 21,80€ (2 plats) ou 25,60€ (3 plats). Mon compagnon de table décide de commencer par un pâté en croûte maison au foie gras (14,80), très honorable, quoique servi avec trois feuilles de laitue qui se courent après, tandis que je me réserve pour le poulet de Bresse aux morilles (35,20€). Je n’en laisserai pas une miette et, à ce prix-là,aurais même souhaité de plus grandes quantités (de poulet, de riz, de crème comme de morilles), moi qui ai pourtant un appétit plutôt raisonnable.

Salle privée

Je lorgne donc sur la bien nommée côte de veau bourgeoise (33,20€) de mon voisin, servie avec un assortiment de petits légumes et, à sa demande, des pommes de terre confites aux petits oignons, qui lui apporte toute satisfaction. Les desserts suivent la tradition française aussi. Nous nous laissons tenter par la gaufre (7€), une invitée permanente de toutes les brasseries Bocuse, et par un soufflé au chocolat noir (7,7€), trop sucré et pas assez chocolaté à mon goût : un comble pour un chocolat Valrhona ! Monsieur Paul, comme on dit ici, nous a bien allégé le portefeuille sans que je sois convaincue de revenir, refroidie par le service plutôt impersonnel, quoique professionnel, la carte sans surprises et les prix prohibitifs. Longeant les quais de Saône, je laisse dans le rétroviseur la brasserie Fond Rose et garde en mémoire l’Auberge, son rose et sa douceur d’antan. 

logo

Brasserie Fond Rose

25 chemin de Fond Rose

69300 Caluire

www.nordsudbrasseries.com

Tél. : 04 78 29 34 61

Ouvert tous les jours. Horaires : 12h-14h, 19h-23h.

NB : La commune de Caluire est aussi tristement connue pour l’arrestation de Jean Moulin par la Gestapo, menée par Klaus Barbie, le 21 juin 1943.