Pour faire descendre de sa colline le chef Frank Blanc, ardéchois d’origine mais croix-roussien de cœur, il fallait bien les beaux yeux d’Hélène. C’est donc lui qu’on retrouve aux commandes de cette nouvelle adresse située au coin de la rue Molière et de la rue Bugeaud – en lieu et place de feu Poivre d’âne – avant qu’il ne passe les rênes à Pauline, jeune chef bourguignonne.
Annoncée comme un « resto de filles », le lieu ne déçoit pas. On retrouve l’ambiance broc du Canut et les Gones (le QG de Franck) mais épurée et féminisée. Le carrelage d’origine au sol donne le ton, dans des camaïeux de brun et d’orange. Des lés de papier peint fleuri aux gravures rétro en passant par l’orchidée qui trône sur la demi-cloison qui sépare les deux salles principales, tout est pensé avec soin et avec goût. Ni girly, ni kitsch, l’ambiance est chaleureuse et cosy, avec une recherche au niveau des luminaires dont pas mal de restaurants pourraient s’inspirer. C’est chiadé, comme dirait ma mère.
Hélène Fleuriot vous accueille derrière son comptoir nouvellement créé, qui jouxte la longue table d’hôtes en bois idéalement située pour vous permettre de jeter un œil en cuisine. Après plusieurs années passés à œuvrer au Café Bellecour, une institution lyonno-lyonnaise, Hélène, soutenue par sa famille et par Franck, a réalisé son rêve de jeune fille : ouvrir sa propre affaire. Dans l’assiette, je me suis un peu crû au Canut, une ressemblance qu’Hélène ne renie pas, loin de là. La cuisine est donc traditionnelle mais néanmoins créative et fait la part belle aux produits frais et de saison.
Saumon en carpaccio épais, juste tiédi au four, marinade de petits légumes, roquette (entrée)
Dos de lieu noir, beurre blanc gratin de chou fleur, brocolis vapeur (plat)
Suprême de volaille, sauce à la pâte de curry, purée de pommes de terre à la tapenade, carottes violettes au miel et au poivre de Sichuan
Le menu du soir ne vous décevra pas non plus avec, entre autres, la célèbre et fondante pluma de pata negra qu’on retrouve aussi à la Croix-rousse. J’ai cependant deux regrets. Le premier, pouvoir choisir un entrée végétarienne (je n’ose dire un plat…). A quelques mois du maillot, mes envies de légumes et de légèreté prennent le dessus. On est un resto de filles ou pas ? Le deuxième, un dessert un peu plus pêchu : pas facile pour une poire, d’accord ! Mais quand on est habitués aux fins desserts du Canut, mis au point par une non moins fine équipe de Japonais, on a des attentes… Il reste qu’en ces temps incertains de tromperies culinaires, chevalines ou autres, il est réconfortant de fréquenter une maison sérieuse comme celle-ci.
29 rue Molière
Lyon 6ème
04 72 74 44 14
Ouvert du lundi au vendredi, midi et soir
A midi, formule entrée + plat ou plat + dessert à 15€, « la totale » (entrée, plat, fromage et dessert) à 18€
Le soir, carte du moment à 27€ (entrée + plat + fromage ou dessert)