07 Juil 2012 | 1

Escapade à Beaumes-de-Venise, « le terroir aux deux visages »

Quand j’ai appris que Les Garçons Bouchers (le restaurant de mon mari) allaient devenir ambassadeurs de l’AOC Beaumes-de-Venise, je n’ai pas envisagé une seule seconde laisser Gilbert aller découvrir ce terroir des côtes-du-rhône sans moi. Bien m’en a pris ! Si ma région de cœur est sans conteste la Drôme provençale, je lui ai trouvé une concurrente de taille après deux jours passés sur ces terres du Vaucluse. Comment ai-je pu ignorer aussi longtemps ce pays méditerranéen qu’on dirait béni des dieux ? Soleil, eau, vignes, pins, oliviers, vergers, tous les éléments sont réunis pour offrir un environnement rêvé, aux allures de Toscane.

Notre périple commence sous les meilleurs auspices, avec pour guide Alain Ignace, figure local, vigneron indépendant et ancien président de la Cave de Beaumes. A peine arrivés, nous partons sur les routes à bord de son 4×4. Nous buvons les explications d’Alain, qui parle avec passion de son pays. Beaumes est une commune de 2 000 habitants, les vignes représentent 90 % de la production du terroir (et 1 200 hectares) et la production oléicole les 10 % restants. L’harmonie qui naît de l’alternance de vignes en coteaux et de forêts de pins n’est pas qu’esthétique : elle répond également à un souci de biodiversité. La beauté du paysage nous prend au cœur. Nous ne sommes pourtant pas au bout de nos surprises.

Alors qu’Alain nous parle déjeuner, je me demande dans quel bistrot de pays il va nous emmener. Je ne comprends donc pas tout de suite pourquoi il arrête la voiture au milieu des vignes. Puis je vois une table dressée sous les pins. Un vigneron surgit, puis deux, puis trois, tous porteurs de bouteilles. Le déjeuner va avoir lieu là, avec les cigales pour fond sonore (assourdissant !), au pied des bien connues Dentelles de Montmirail, paradis des grimpeurs et ainsi nommées du fait de l’érosion de leur roche calcaire.

Un magnifique cabanon en pierres ocre renferme tout le nécessaire et, au bout de quelques minutes, un pique-nique appétissant nous appelle à table. Mieux vaut ne pas être végétarien chez les vignerons : caillettes, pâté de campagne, jambon de pays, les assiettes célèbrent le cochon ! Les bouchons sautent. Nous sommes là pour découvrir que l’appellation beaumes-de-Venise ne se réduit pas au Muscat et pas moins de 10 bouteilles vont nous le prouver ! Nous commençons par un Eclat de Bulle Blanc, proposé par Patrick Soard, du Domaine Fenouillet. S’ensuivent un rosé et plusieurs rouges, pour finir par le fameux Muscat (qui porte une appellation contrôlée depuis 1943), que nous goûtons en blanc mais aussi en rouge. Une gestion rigoureuse de l’alcool ingéré s’impose ! Le fromage de chèvre local et la compotée d’abricots préparée par le chef du bistrot de Lafare m’aident à tenir la route.

J’écoute mon voisin Daniel Begouaussel, propriétaire du Domaine Beaumalric m’expliquer l’étymologie de Beaumes de Venise. Entre les cigales, l’alcool et l’accent provençal de Daniel, je dois faire preuve de pas mal de concentration ! Je retiens pourtant que Beaumes (du provençal « balmes ») doit l’origine de son nom aux grottes qui surplombe le village et que le qualificatif « de Venise » n’a rien à voir avec la cité des Doges. Il fait référence au Comtat Venaissin, dont le village fait partie.

Les vignobles, sur fond de Dentelles de Montmirail

L’après-midi nous réserve d’autres surprises. Nous traversons les villages de La Roque-Alric, Lafare et Suzette qui, avec Beaumes, constituent le territoire de l’AOC. Sous un soleil de plomb, nous jouons aux troglodytes en allant crapahuter sur le rocher de Rocalinaud, abri préhistorique. Les vignobles en terrasse retiennent notre attention. Ils ont remporté le label « Paysage de reconquête » pour leur contribution à la lutte contre l’érosion. Les kilomètres se succèdent et les sols ne se ressemblent pas : ocre, jaunes ou violettes, ce sont les terres du Trias ; blanches, celles du Crétacé ; grises, enfin, celles du Jurassique. Cette variété géologique est favorable à une diversité de cépages : Grenache noir, Syrah, Mourvèdre et Muscat à petits grains (qui donne le fameux Muscat).

17h, retour à Beaumes. Le canal de Serre-Ponçon, long de 150 km, irrigue les terres du village et nous donne des envies de baignade. Mais il est l’heure de regagner la cave Balma Venitia pour notre dégustation, en compagnie d’Alain Ignace, de Claude Chabran, président actuel de la Cave et propriétaire du Domaine du Paparotier, et de nos deux acolytes de l’agence A Suivre. Deux heures et demie plus tard, nous avons dégusté 13 rouges et 15 muscats, entrecoupés de quelques fraises pour rafraîchir notre palais. Je ne suis pas peu fière d’être arrivée au bout de cette « épreuve » !

Je retiens deux vins dans chaque catégorie. Parmi les rouges (reconnus crus des Côtes du Rhône depuis 2005 seulement), j’ai apprécié la finesse de la cuvée Grangeneuve 2009… faite par une femme, Camille Walut, au Domaine Saint Amant, à Suzette. Parmi les Muscat, j’ai un énorme coup de cœur pour celui d’Alain (je précise que notre dégustation s’est faite à l’aveugle !), « Le petit grain d’Antonin », dont j’apprécie la finesse et les arômes fruités. Rien à voir avec les Muscat sirupeux dont j’ai pu garder le souvenir, mais tout aussi parfait avec du foie gras ou un dessert à l’abricot.

Nous terminons notre séjour le lendemain midi dans les vignes d’Alain, justement, sous un cagnard terrible, à l’écouter nous expliquer la méthode qu’il applique sur le vignoble du Muscat : le sol est à demi couvert d’un paillis végétal, qui l’empêche de trop se réchauffer et de se dessécher. Je repars avec en tête la passion sans faille des vignerons de l’AOC et ces images enchanteresses de paysages provençaux. I’ll be back, Beaumes…

NB1 : Où manger à Beaumes ? Notre séjour ayant été bref, je n’ai pas testé beaucoup de lieux. Nous avons été invités à dîner au restaurant de la Cave, le Dolium autour d’un menu unique. Si le service manquait de chaleur, les plats étaient savoureux. Nous avons également déjeuné chez Entre’Potes, dans le village du Barroux (à quelques kilomètres du Beaumes), un bistrot sympathique avec une carte à l’ardoise qui évolue au rythme des saisons.

NB2 : Retrouvez Alain Ignace parler de sa passion dans cette vidéo.

NB3 : Cliquez sur le billet de Catherine, d’Une femme, des vins, pour découvrir plus de photos du terroir, qu’elle a découvert en randonnant.

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1 comment

  1. […] dégustation de vin, je connaissais (retrouvez ici une de mes plus belles aventures, à Beaumes-de-Venise) mais celle d’huile d’olive, point du […]

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