Si vous ne connaissez pas le blog culinaire bilingue de Clotilde Dusoulier, vous sortez probablement du purgatoire gastronomique. C’est ce qu’écrivait le Sunday Times en février 2009 lorsqu’il citait Chocolate & Zucchini parmi les 50 meilleurs blogs culinaires au monde. Clotilde a créé son blog en septembre 2003, alors que la blogosphère culinaire n’en était qu’à ses balbutiements et qu’elle même revenait de deux années passées dans la Silicon Valley. Il était alors le premier blog culinaire écrit par une Française, en anglais. Depuis 2007, Clotilde publie également une traduction française de tous ses billets.
La première blogueuse s’est également tournée vers l’écriture de livres. Dans le premier, publié en 2007 sous le titre original de Chocolate & Zucchini, Daily Adventures in a Parisian Kitchen (et qu’elle a traduit en 2008 pour les éditions Marabout), elle partage 75 recettes gourmandes tandis que le deuxième, Clotilde’s Edible Adventures in Paris (disponible uniquement en anglais) révèle ses bonnes adresses parisiennes et ses conseils de shoppeuse culinaire. Clotilde a également participé à la traduction en anglais du grand classique de Ginette Mathiot, Je sais cuisiner, publiée en 2009 chez Phaidon sous le titre I Know How to Cook. Enfin, Clotilde contribue régulièrement à plusieurs magazines prestigieux, français ou américains, de Elle à Table à Martha Stewart Living Magazine, en passant par Bon Appétit et le Los Angeles Times. La sortie de son troisième ouvrage, consacré aux légumes de saison (et photographié par Griottes), est prévue pour le printemps 2013.
En 9 ans d’écriture culinaire, « Ms. Dusoulier » a répondu à maintes interviews (cf. ma sélection en fin de billet). Admirative de son travail et de son niveau d’anglais, je me suis pour ma part intéressée au rapport que cette Parisienne de souche entretient avec la langue de Shakespeare. Interview d’une passionnée, en direct de son appartement montmartrois.
Quelle était la place de l’anglais dans ta vie quand tu étais enfant ?
J’ai baigné dans un environnement anglophile depuis mon plus jeune âge. Mes parents étaient bilingues et très intéressés par la culture anglo-saxonne. Que ce soit par leurs amis anglais, les films qu’ils regardaient en V.O. ou les livres qu’ils lisaient en langue originale, l’anglais était omniprésent dans ma famille. Nous étions des clients réguliers de Marks & Spencer et grands consommateurs de shortbread, entre autres produits anglais. Mon père, qui est devenu traducteur une fois à la retraite, nous lisait souvent, à ma sœur et moi, des histoires en anglais avant le coucher. Nous avons ainsi découvert The Wizard of Oz, dont il nous faisait la traduction simultanée.
Comment s’est passé l’apprentissage de la langue anglaise, une fois que tu es rentrée au collège, en France ?
J’étais déjà familiarisée aux sonorités de la langue et j’avais hâte de l’apprendre. Je suis également partie très jeune en séjour linguistique, dès la 6ème. Cela a contribué à consolider ma connaissance des structures de la langue. J’ai assez vite eu un bon niveau qui me permettait de m’exprimer avec aisance. Il n’a pas toujours été facile de me retrouver jeune collégienne seule dans une famille étrangère mais ces séjours en immersion totale m’ont permis de faire d’énormes progrès, et notamment de développer une connaissance intuitive de la grammaire anglaise. J’ai ainsi séjourné en Irlande et au Royaume-Uni mais également aux Etats-Unis, que j’ai découverts avec bonheur à l’âge de 15 ans.
Tu as vécu deux ans aux Etats-Unis à l’âge adulte. Cela a dû avoir un impact sur ton niveau d’anglais.
En effet, à l’âge de 20 ans je me suis installée avec mon compagnon, Maxence, en Californie, dans la Silicon Valley, une fois ma maîtrise d’informatique en poche. J’y effectuais mon stage de fin d’études, qui s’est transformé en contrat embauche. Ces deux années m’ont permis de faire un bond linguistique énorme. J’ai plutôt une mémoire auditive, et j’ai donc pu engranger un maximum de vocabulaire et de colloquialisms (expressions familières). Autant de connaissances qui m’ont permis d’avoir un rapport ludique avec l’anglais.
Comment considères-tu la langue anglaise aujourd’hui ?
Mon rapport à l’anglais a été bouleversé par cette immersion américaine de deux ans. Je ne peux pas qualifier la langue anglaise de langue maternelle car je n’ai qu’une mère, qui est française, mais je la considère clairement comme une langue d’expression privilégiée. D’autant plus que j’écris en anglais depuis 9 ans, date de mon retour à Paris et de la création de Chocolate & Zucchini.
Quels conseils donnerais-tu à des non-anglophones qui souhaiteraient écrire en anglais ?
Je ne sais pas quels conseils je peux donner. J’aimerais juste rappeler qu’à mes débuts, je n’écrivais en anglais qu’à destination d’un petit nombre de personnes : ma famille, mes amis. Mon objectif était surtout de continuer à pratiquer régulièrement une langue à laquelle j’étais très attachée. Il me paraît important de beaucoup lire en anglais et de pratiquer l’écriture de manière régulière. Il faut aussi rester bienveillant avec soi-même. Il m’arrive de corriger mes anciens billets car je trouve qu’une expression ou une construction syntaxique pourrait être améliorée. Je considère ma pratique de l’écriture comme un ongoing process, un mode d’apprentissage plutôt qu’une fin en soi. Pratiquer l’anglais représente pour moi la joie d’apprendre sans cesse. L’anglais enrichit mes pensées aussi bien que mon univers culturel.
Merci à Clotilde de m’avoir accordé cet entretien où elle s’est montrée aussi humble que décomplexée. Un bel exemple pour une blogueuse…
Pour en savoir plus sur Clotilde :
* Interview sur le site Des Elles en novembre 2012,
* Vidéos sur le site No Country for Young Women, en juillet 2010,
* Interview sur le projet de traduction du livre de Ginette Mathiot en décembre 2009.
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